Après avoir subi deux défaites électorales, la première, celle du Bloc
Québécois à Ottawa et la seconde, celle du 7 avril 2014 à Québec, le mouvement souverainiste
se voit repousser au large très loin de la terre promise selon les commentateurs
politiques sérieux. Et ce, en raison que le Parti Québécois retourne sur les
bancs de l'opposition pour quatre longues années et peut-être même plus.
Est-ce la fin des souverainistes ou bien la renaissance du mouvement
indépendantiste? Ces deux échecs historiques que certains appréhendaient ou
souhaitaient nous mettent devant un choix. Or, de nombreuses questions se
posent et le doute nous vient facilement à l’esprit en cette période trouble. Un
retour sur les causes de nos deux revers et un examen de conscience s’avèrent
nécessaires pour les deux partis politiques pour l’avenir de notre peuple et de
notre pays…
Aurions-nous pu prévenir la catastrophe?
Quelles sont les leçons que nous pouvons en tirer?
Pour le PQ, il appert que les péquistes eux-mêmes devront passer cet
exercice douloureux au lieu d’essayer de trouver des coupables ou un sauveur
dans les prochains mois. Une chose est sure. L’idée même de parler d'un
possible référendum fait peur à bien des gens. Et la peur, ça marche en
politique pour qui sait bien s’en servir…
De quoi la population a-t-elle peur au juste? De perdre le troisième que
les fatalistes considèrent comme étant le dernier ou au contraire de le gagner
avec une très faible majorité que la guerre civile éclate et que Montréal se
sépare du Québec à l'exemple de l'Ukraine et la Crimée… Alors comment
allons-nous répondre à cette apocalypse alimentée par les médias de masse et les
réseaux sociaux, puisque la politique parait bien souvent comme une affaire de
perception et d’apparence pour les non-initiés?
La stratégie référendaire devient-elle désormais caduque en proposant encore
l’accession à la souveraineté avec 50 % +1, bien que cela s’avère entièrement
démocratique et reconnu partout sur la planète? Auprès de la très grande
majorité de Québécoises et de Québécois, ce résultat ne semble pas assez légitime
pour faire du Québec un État indépendant selon les nationalistes et pour briser
un pays d’après les fédéralistes. Manquons-nous de confiance voire d’ambition envers
notre option nationale. Et si nous visions plutôt les deux tiers de la population
québécoise qu’adviendrait-il? En fonctionnant ainsi, on interpellerait tous les
partis et on rassurerait nos concitoyens, les investisseurs et nos voisins du
Canada et des États-Unis que tout devrait se dérouler de façon naturelle et
civilisée dans la paix et dans l’ordre. Or, cela apparait de plus en plus comme
la voie que veulent suivre les Québécois à la lumière des résultats électoraux…
Partout ou presque, ce n’est pas le référendum qui enclenche le processus
d’autodétermination, mais plutôt la prise de conscience par une population; qu’elle
a investi sur un territoire un travail considérable et reconnu pour développer
sa société avec ses institutions nationales, ses lois, sa langue d’État, sa
culture et son économie; que cet investissement s’est étalé à travers une
longue période de plusieurs siècles; et par le fait même, elle forme un peuple
prêt à se reconnaître de facto comme État-nation. Le référendum sur
l’indépendance ne fait que clore le processus d’émancipation et de
décolonisation de l’ancienne colonie.
Ce peuple pleinement émancipé, confiant et fier de lui-même reprend sa destinée en agissant avec envergures selon ses propres intérêts nationaux à l’intérieur de ses frontières comme à l’extérieur où il exerce par ses représentants à l’aide de la puissance de son État enfin sa souveraineté populaire. Le souverainisme étatique a failli. Le mouvement indépendantiste renait et ce sera grâce à une nouvelle démarche républicaine que nous réussirons…